Le bus-librairie

La chaleur des vacances d’été est arrivée !
Je m’appelle Esmée. Depuis début juillet, avec Maman et Mamie, nous voyageons dans un immense bus à étage. Il est tout jaune. Mais ce n’est pas un bus comme les autres.
C’est un bus-librairie.

Moi, je l’ai appelé le Nid des Mots. Parce que dedans, on a construit notre nid ! Comme les oiseaux. Ce bus transporte toutes nos affaires.

En haut, il y a notre maison : une cuisine-salle à manger équipée d’une banquette moelleuse, d’une plaque de cuisson, d’un four et d’un frigo. Il y a aussi une salle de bains miniature avec des WC et une douche. Et pour finir, j’ai une petite couchette d’où je peux observer les étoiles à travers un hublot. Il suffit de fermer les rideaux, et me voilà dans mon petit coin rien qu’à moi : une grosse couette toute douce, mes doudous, une guirlande d’origamis et une étagère avec une lampe de chevet pour lire mes livres préférés.

En bas, c’est la librairie.
Il y a une multitude de livres, mais seulement pour les enfants. Tous les murs sont couverts de livres, du sol au plafond. Les rares endroits sans bouquins sont sublimés par des affiches colorées. Ici, on sent le parfum des livres neufs et de l’encre fraîche.

Maman est libraire. Elle répète à tout le monde que c’est le plus beau métier du monde. Elle aime voir les enfants s’émerveiller grâce à un livre. Elle dit que lire, c’est important : parce qu’on apprend du vocabulaire et des connaissances sur beaucoup de sujets. C’est le savoir.

Mamie, elle, cuisine des goûters. Elle a toujours en tête de nouvelles recettes. Elle cuisine depuis tellement longtemps que ses doigts ne craignent plus la chaleur des poêles. Elle n’a pas besoin de gants, mais elle porte un tablier toute la journée.
Parfois, elle prépare des crêpes, parfois des beignets ou des gâteaux, toujours accompagnés d’un chocolat chaud ou d’un jus de fruits. Ça sent toujours très bon.

On sillonne les chemins de la France entière. On roule de village en village pour faire découvrir des livres et de nouveaux mots. Souvent, ce sont de petites bourgades de campagne.
On fait de nouvelles rencontres, on rigole, on goûte et on lit des albums, des romans, des BD, avec plein d’autres enfants. Parfois, on invente nos propres histoires. C’est le paradis !

Lorsque le temps le permet, on aménage l’entrée du bus avec des tapis chaleureux, des poufs en tissu et des hamacs : autant être bien installé pour lire. Pour annoncer leur présence, les enfants doivent sonner au carillon accroché à la porte d’entrée.
C’est notre univers, un endroit pour faire rêver les enfants, où les mots volent comme des oiseaux mélodieux.

Aujourd’hui, j’ai rencontré un petit garçon qui s’appelle Néo. Lui aussi voyage beaucoup avec ses parents. Il m’a raconté tout ce qu’il a visité en France et même en Afrique.
En partant, il m’a offert son livre préféré ! Il a écrit sur la première page : Pour mon amie Esmée, à très bientôt.

Je l’ai regardé partir, le cœur lourd.
Il y a des rencontres plus importantes que d’autres. Néo en fait partie.
J’ai rangé son livre sur mon étagère, à côté de mon carnet secret, de mon album photo et de mes livres préférés.
Le soir, dans mon lit, je relis le petit mot. À bientôt ? Oui, mais où ? Comment ? Et dans combien de temps ?

Je ferme les yeux et j’imagine nos retrouvailles.
Peut-être serons-nous encore des enfants…
Ou peut-être des jeunes adultes ?
Peut-être que nous serons très vieux ?
Peut-être que nous nous retrouverons au chaud, dans un pays d’Afrique, devant des crocodiles ou des girafes, lors d’un safari ?
Ou bien dans le froid, en Norvège, au cœur des fjords vertigineux, à la rencontre des baleines?
Peut-être sur une île paradisiaque entourée de sable doré ?
Ou encore dans une immense bibliothèque à Paris, ou dans la plus belle librairie du monde ?
Peut-être qu’il me retrouvera dans le bus, le visage hâlé par le soleil, et son immense sourire agrandi par toutes ses aventures.
Peut-être qu’un jour, j’écrirai mon propre livre et qu’il viendra à ma rencontre dans un salon d’écrivains. Alors, à mon tour, j’écrirai un petit mot dans son livre.

En attendant, je garde précieusement son livre tout près de mon cœur.
Je sais que je penserai souvent à lui.
Parce qu’il y a des rencontres qui nous bouleversent, même si elles sont brèves.
Je ressens un mélange de tristesse et de joie.

Pour le moment, je continue d’écrire mon histoire, tel un livre.
Parfois, on a envie de relire les premières pages.
Parfois, on voudrait connaître la fin avant même d’avoir commencé…
Mais ce qui compte vraiment,
c’est de lire maintenant.

Et moi, maintenant, je suis prête pour la suite.
Demain, nous repartons vers un nouveau village, avec d’autres enfants aux sourires édentés…
Vers de nouveaux mots, de nouvelles histoires, et de nouvelles aventures !

© Lyx – Cette histoire est une œuvre originale protégée par le droit d’auteur. Toute utilisation sans autorisation est interdite.

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